« Le choix d’une typographie pour faire transparaître une image de marque, faire passer son message, est crucial. Il faut prendre le temps d’analyser la demande préalable du client en profondeur, de savoir à qui on s’adresse, avec quel ton, sur quel support. Il est également important de voir dans quel univers on va évoluer, quel est le choix logique des autres acteurs du domaine, car aujourd’hui, avec la répétitions des messages visuels, les gens identifient instinctivement telle police à telle industrie, ou tel usage. Ici, la restriction libère : plus tu te mets de contraintes (je dois parler à telle cible, à travers tel type de média, etc…), plus tu as de chance de le faire de façon adéquate et harmonieuse . En fait, tu ne peux pas te tromper en terme de typographie. Ce n’est pas "j’aime/j’aime pas". Il y a des codes, des associations qu’on ne peut transgresser sous peine de rater sa cible, de brouiller le message. Rien n’est fait au hasard, à l’image de l’emploi de la couleur orange pour définir des services/prestations accessibles à tous (ex: EasyJet, ou Coop et Migros).
En matière de choix typographiques, la restriction libère : plus tu te mets de contraintes et plus tu as de chance d'avoir un rendu adéquat.
Dans la pratique, tu ne choisiras pas la même typographie si le message est destiné à figurer en texte ou en titre, s’il est destiné à être affiché sur une grande ou une petite surface. Par exemple, dans le cadre de la refonte du magazine Repères de la CNCI, il a fallu trouver une police ultra lisible, sérieuse, tout en restant moderne et dynamique. La Gotham s’est alors naturellement imposée de par son style et sa nature indémodable.
Si je devais résumer l’usage de la typographie, je rependrais cette phrase de Massimo Vignelli (célèbre designer italien à qui American Airlines ou le Métro new-yorkais, entre autres, doivent leur choix de police) : "Un bon typographe a une sensibilité sur la distance entre les lettres, c'est cet espace qui est le plus important, dans un sens c'est comme en musique, ce ne sont pas les notes qui importent mais la séparation que l'on met entre elles." »
Pierre Jeanneret
Polyvalent et minutieux
Directeur artistique et photographie